Présentation

Le mélographe propose une représentation enrichie du mode musical d'une mélodie. Jean-Marc Delaunay en a eu l'idée, Pierre Beauguitte l'a implémentée dans ce programme informatique. Jean-Marc a par ailleurs publié une bonne part de ses réflexions sur la modalité sur sa rubrique au CRMTL.

Quelques connaissances en solfège et en théorie musicale peuvent aider à bien comprendre cet outil, mais ne sont en aucun cas nécessaires. Nous laissons également de côté tout vocabulaire mathématique avec lequel on pourrait formaliser le mélographe. L'explication ci-dessous n'a aucune prétention à être un traité précis sur la modalité et contient très certainement quelques approximations et imprécisions.

Explication ^

Voici un exemple de mélodie traditionnelle (extrait d'une bourrée 3 temps du Morvan, la bourrée des gars) :

partition bourrée des gars

La gamme de ce morceau (les notes qu'il utilise) est la suivante :

partition mode

C'est cet ensemble de notes qu'on appelle le mode de la mélodie. Ce morceau est en tonalité de do : il finit sur cette note, et c'est cette note qui constituerait le bourdon "naturel" sur cet air. Il s'agit d'un mode majeur, l'intervalle entre la fondamentale (do) et la tierce (mi) étant de deux tons.

Regardons maintenant les transitions entre les notes de cette gamme, sur l'ensemble de la mélodie :

Nous allons représenter ce mode et ces transitions de la manière suivante :

Le résultat est le graphe suivant, la partie gauche étant à parcourir du bas vers le haut, la droite du haut vers le bas :

melographe

Les épaisseurs des chemins et la taille des notes correspondent à leurs fréquences respectives.

Les transitions que nous avons trouvées plus haut sont maintenant représentées graphiquement : sol ne peut être suivi que d'un do ; do peut être suivi de mi, si ou sol... On peut assez facilement parcourir le graphe en suivant la mélodie.

Intérêt ^

Nous voyons trois manières d'utiliser le mélographe.

Analyse
Le graphe donne des informations précises sur la structure de la mélodie, qui peuvent être intéressantes en elles-mêmes. En plus d'afficher le mode utilisé, il montre de quelle manière la mélodie le "parcourt".
Comparaison / classification
Il est fréquent en musiques traditionnelles d'entendre des similarités parfois très fortes entre des airs pourtant différents. Une hypothèse est que le mélographe peut faire apparaître visuellement ces ressemblances. Puisqu'on ne tient ici aucun compte du rythme, il est tout à fait possible qu'à partir d'airs rythmiquement très différents on obtienne des graphes proches, voire identiques. Le niveau d'abstraction qu'offre le mélographe peut donc aider à une démarche de classification de mélodies.
Improvisation / variation
Si l'on improvise librement sur les notes de la gamme, le résultat restera bien dans le même mode que la mélodie, mais ne ressemblera pas nécessairement beaucoup à celle-ci. L'idée est donc de se servir du graphe comme support d'improvisation. Improviser sur les notes de la gamme tout en respectant l'ensemble de contraintes que le graphe représente pourrait permettre de ne pas trop s'éloigner, mélodiquement parlant, du morceau de départ.

Mode d'emploi ^

Tout d'abord vous devez télécharger le programme ici. Java doit être installé sur votre ordinateur, si ce n'est pas le cas vous pouvez le télécharger sur leur site officiel.

Le programme s'ouvre sur une "page blanche". Il suffit d'y glisser / déposer un fichier midi, le graphe est dessiné automatiquement. La fenêtre de contrôle offre plusieurs options :

Il est également possible de glisser / déposer un dossier contenant plusieurs fichiers midi, auquel cas le graphe dessiné représente les notes et transitions présentes dans l'ensemble des mélodies. Un menu permet d'en sélectionner une, son graphe est alors mis en évidence.

De tels fichiers sont monnaie courante sur l'internet. Vous pouvez en trouver une grande quantité dans la bibliothèque musicale de l'AEPEM, ou creér les vôtres avec votre logiciel de musique préféré.

Crédits ^

L'idée originale est de Jean-Marc Delaunay. Sa rubrique au CRMTL.

Le programme est écrit par Pierre Beauguitte () dans le langage Processing.

Les partitions ont été écrites en Lilypond.